Temple : Le temple de Shane

"Elle laissa aller sa monture, lui faisant traverser toute la ville, se contentant d’observer cette dernière avec soins. Lorsque son cœur se serra. Au détour d’une grande bâtisse, là derrière près d’une colline, un bâtiment accrocha son regard. L’objet de sa surprise était magnifique, impressionnant bien que de taille raisonnable, sauf peut-être le toit admirablement grand pour un regard extérieur. Etre si elle était bien au bon endroit. Elle fit stopper sa monture et en descendit les mains légèrement tremblantes. Elle attacha sommairement l’animal à une palissade et approcha plus près de l’édifice, à son idée. Kemy avait l’esprit en ébullition, son sang semblait battre à une vitesse infernale et déjà de la sueur commençait à couler dans son dos frêle. Ses pas la menèrent jusqu’à la porte, immense à double battant, un arbre sculpté sur le tout, offrant des ramures impressionnantes même en cette simple gravure. Les branches sur le haut des portes semblaient envelopper une lune, pleine et ronde.
(...)
Ainsi le fit-elle, se posant de tout son poids contre la matière pour faire trembler les portes du temple. Un temple, voilà dans quoi elle entrait, temple de Shane. L’endroit était sombre, mais pas au point d’y avoir une mauvaise visibilité. Des bougies s’accrochaient aux murs, aidées par quelques fenêtres aux vitraux transparents pour éclairer le lieu. La jeune femme savait qu’elle devait se présenter, clamer sa présence et demander le droit d’entrer, mais elle n’en fut pas capable lorsque ses yeux agrippèrent les fresques couvrants les murs et le plafond. Cette sensation si souvent ressentit d’avoir à la fois déjà vu et jamais vu la repris. Son cœur palpitait et ses mains tremblaient toujours légèrement, signe à la fois de grande excitation et d’anxiété. Sur l’une de ses fresques elle put voir une guerrière, cheveux dans le vent, épée magique en main, la brandissant devant un nuage d’où l’on devinait une forme. Forme humaine elle en était certaine, un mage, un dieu ? La femme offrait un visage de guerrière, un visage effronté sans peur alors qu’on devinait une grande force en elle, peut-être la force de ces éclairs apparaissant plus en arrière ? Juste à côté, l’étrange image d’un oiseau géant combattant un dragon, leurs ailes s’entremêlant dans une chorégraphie insolite, presque belle en cet instant mortel.
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Marcher droit devant et se laisser aller par son instinct dans ce temple. Ses pas bottés claquaient contre le sol brillant, lui offrant dans son rythme soutenu l’affirmation qu’elle avançait bien, seule vers son destin. Elle tourna à droite, poursuivant son avancée dans un long et large couloir tout aussi bien entretenu et agréable que le reste du temple. Elle croisa une toute jeune femme en robe blanche qui lui offrit une courte révérence courtoise et soumise, le visage sans expression, ce qui glaça le sang à la jeune humaine. Frissonnant devant tant de pouvoirs qu’elle ne savait mesurer, sachant au fond d’elle qu’elle pourrait commander cette jeune femme si elle le désirait, elle poursuivit sa route. Elle finit par parvenir devant deux nouvelles portes, tout aussi belles que celles de l’entrée du temple si ce n’est plus. A nouveau cet arbre gravé dessus. Elle respira un grand coup et les poussa, entendant leur lourd déplacement alors que son cœur semblait vouloir monter dans sa gorge. Puis elle entra, les yeux fermés, osant à peine respirer.

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L’arbre était là, majestueux, aussi beau et irréel que dans ses rêves. Créature vivante superbe et impressionnante. Enfin de pouvoir l’atteindre la jeune femme dut passer entre deux colonnes sculptées. C’est amère qu’elle posa son regard dessus, elle ne savait dire pourquoi, mais ces objets ne lui affirmaient rien de bon. La première colonne était un oiseau, aussi majestueux que Hane, portant en son bec un fin rameau. Sur la deuxième, posée sur la même ligne invisible, un dragon portait lui une épée. Sur chaque colonne était gravée une phrase en elfique. En cet instant la jeune femme ne voulait les prononcer mais les lire même sans articuler l’obligea à les graver dans sa mémoire. Elle devinait qu’elle en aurait besoin, elle devinait qu’elle détesterait leurs sens pour l’instant secret. Et enfin elle alla vers lui, posant ses mains sur l’écorce ancienne, si ancienne. C’est une nouvelle larme qui passa sur sa joue alors qu’elle posa son front contre l’arbre. Hane profita de cet instant de complicité fugace et improbable entre un arbre et une jeune femme pour s’envoler vers les plus hautes branches. "

Par Pamela Lefranc - La puissance des rêves